jeudi 23 août 2012

Montréal.

Quand je suis partie à Kamou en juin, après mes traitements de radio, j'en avais marre de Montréal.
Plein le cul des travaux, de la chaleur qui écrase les poumons, des gens bling-bling-wannabe-regardez-moi !, de l'air, de la consommation, de l'énergie de cette ville sale et belle à la fois.
J'ai rempli ma valise de robes et je me suis poussée là où le ventre du fleuve est mou à marée basse.
J'ai marché plusieurs fois dans la vase salée, j'ai jardiné, j'ai dormi, j'ai dormi, j'ai dormi... j'ai traversé des champs de canola jaune fluo en vélo et j'ai mangé à bouche-que-veux-tu tous les couchers de soleil, du multicolore au gris souris plein de pluie, du timide au grandiose. Tous. Et puis j'ai dû revenir dans l'antre du monstre à l'haleine brûlante, Montréal, toi que j'adore, toi qui me bouffe toute crue.
J'ai fait un sevrage de cette salope aux yeux doux, je croyais m'en être lavée...

Lundi, minuit.
Je me réveille sur le pont, lors du trajet de retour de mon sauvetage. Mes yeux s'ouvrent et je vois Montréal reluire dans le fleuve. C'est beau. La nuit est claire. Je reviens à la maison avec mon bel amour et la ville brille de toutes ses lumières artificielles ! Il fait chaud et humide, l'air s'enroule autour de moi, la ville reprend possession de son enfant perdue. Qu'elle conne j'ai été de croire, l'espace d'un été, que je pourrais définitivement la quitter pour aller m'installer à jamais au Pays des couchers-de-soleil, là où l'air est sain et où les renards se balladent au petit matin !

Mardi matin, en route pour l'hôpital.
Le métro est un mini-labo d'échantillons d'humains. Je descends station Pap' et je croise un punk gai (?!!), un monsieur habillé en capitaine avec une énorme moustache blanche, une fille d'environ 13 ans avec (déjà) deux enfants, un monsieur veston-cravate lifté-botoxé et une drag. Je n'ai jamais autant aimé l'humanité que ce matin-là, en sortant du métro, les yeux éblouis de lumière et le smog qui me pénétrait les poumons à fond à chaque respiration ! Tous ces gens qui essaient de cohabiter ensemble sur ce territoire, qui veulent se trouver, trouver leur place. Être heureux. À tout le moins ''être eux'', vivre leur vie. Des fois trop fort, des fois traînant un trailer géant de blessures. D'autres fois pleins de lumière et d'amour, de rires et de couleurs, et puis pour certains silencieusement et presque sans un battement, déjà une ombre.
J'ai pris mes prises de sang, j'ai pissé dans un contenant et je suis repartie, sens inverse.
Tous ces gens qui se pilent dessus et qui veulent juste exister. Malgré le bruit, l'odeur de la multitude et à travers les rêves pétés qui jonchent le sol. Moi, ce matin-là, j'était en amour avec ma ville et sa pauvre humanité, je crevais d'amour pour cette masse qui essaie si fort d'être quelque chose, va savoir quoi.
Je suis rentrée, je me suis couchée avec les chats et je souriais en m'endormant.
J'étais de retour à la maison, Montréal, la seule ville que j'aie jamais choisi dans ma vie.

*(Pour ce qui est des travaux, j'en ai quand même mon esti de truck ! Je n'ai PAS d'élan d'amour universel pour les milliards de travaux de merde partout. Jamais. Comme dans ''JAMAIS'' !)

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