lundi 1 octobre 2012

Coupable votre honneur.

Je reviens de l’épicerie en voiture. J’écoute mon dernier cd, Divine Fits, la vie est bonne, les rues luisent d’une petite pluie d’automne qui a cessé, le soleil sort un rayon ou deux. Je souris.
Puis je dé-souris. (Je le sais que c’est un mot que je viens d’inventer, qu’on dit pas ça « dé-souris ». C’est chiant la vie si on peut même pas se créer un mot ici et là quand ça nous chante. Je suis un être créatif, laissez-moi inventer des affaires et foutez-moi la paix ! Non mais.)
Bon.
Ah oui : je dé-souris soudain parce que je vois un camion de pompier qui pétille de toutes ses lumières stationné devant… mon appart ??? « Oh merde merde merde merde merde. Oooooh fuck. J’ai laissé quoi d’allumé ? Pas le four. Ma bouilloire ? MA BOUILLOIRE A EXPLOSÉ ! Oh mon Dieu. Ma bouilloire a pété et a créé une suite de minies explosions qui ont foutu le feu à l’immeuble. (Ah non : ça flambe pas.) …Les CHAAATS ??? Oh putain les chats, j’ai laissé les chats dehors ? Je les ai enfermés ? J’ai fait quoi avec les chats ? J’ai provoqué un drame. Encore. Osti. De. Criss. C’est teeeeeellllement l’histoire de ma vie… Aaarrrggg : une AMBULANCE EN PLUS ???...» (Et ainsi de suite, avec une angoisse qui tourne à toutes vitesses dans ma poitrine.) Je suis COUPABLE. Jusqu’à ce que j’arrive à l’intersection tout près de mon appart et que je constate que les camions sont stationnés devant un autre immeuble, un peu plus loin. Qu’une personne âgée sort, bien ficellée sur une civière. Je ne vois pas son visage à cause du masque à oxygène. Ils embarquent le paquet, clac-clac, les portes se ferment et en voituuuuuure. Direction hôpital ou le ciel ?
Je viens tout de même de vivre un drame majeur dans mon avant-midi. En trois minutes, j’ai été coupable puis innocentée.
Si je cherche bien, ou si j’attends, tout simplement, je serai sûrement coupable de quelque chose d’autre. Je vis avec ça depuis toute petite : une éponge qui se gonfle dans ma poitrine et m’écrase le thorax. Entoure mon cœur. C’est de MA faute. C’est à cause de moi… Et dégonfle, se rabougrit, sèche un peu, mais jamais complètement.
Même qu’en cherchant un peu, c’est probablement de ma faute si la vieille de l’autre côté de la rue a fait un tour d’ambulance ce matin. Un genre d’effet papillon. Je suis un déclencheur de catastrophes, un vortex à badluck. Je porte la poisse. Restez loin de moi. Sinon, tant pis, je vous aurai avertis.

Ma maladie, c’est de ma faute. Je ne sais pas encore exactement pourquoi, mais c’est MOI qui me donne ça à moi-même.
Chaque jour de ma vie, j’ai une pression énorme. C’est ma faute si ma mère est triste. C’est moi qui a causé cette colère chez mon père. Je déçois telle personne. J’ai rendu ma grand-mère malade. Je n’ai pas réussi à complètement réparer tel client avec mon massage thérapeutique : coupable…
J’aurai dû.
Je devrais.
Je n’ai pas fait ça.
J’ai oublié ça.
Ça, c’était VRAIMENT évitable ; pourquoi j’ai pas prévu le coup ?!
Je suis ça : c’est à cause de moi.
Je ne suis pas ça : c’est ma faute.
Il arrive cet horrible truc ; c’est moi qui a provoqué tout ça, d’une façon ou d’une autre. Peut-être indirectement ?...

À tous ceux qui m’ont déjà détestée ou accusée de quoi que ce soit, ne perdez pas votre temps. Je le fais déjà. Mille fois mieux et plus profondément que n’importe qui d’autre.
Et maintenant. Je me sens coupable de me sentir coupable, I guess.
(Et rassurez-vous : je n’aurai pas d’enfants… Non mais t’imagines ?!! Avec des enfants ! Comme au scrabble : culpabilité compte TRIPPLE !!!)

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